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Combler le fossé de la parité

FÉES-MYNINS, MAI 2014

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Mardi, 8 h 30. Jeanne, TC, passe au siège du négoce Lepetit qui l'a embauchée, il y a six mois à la fin de ses études. Elle doit récupérer des fichiers avant son rendez-vous au domaine viticole des Trois Rives. « Ah, au fait, Jeanne, l'interpelle Pierre, son collègue TC qui la forme depuis son arrivée, je suis désolé, je ne vais pas pouvoir t'accompagner ce matin, j'ai un imprévu. » Voyant sa mine déconfite, il ajoute : « Mais ne t'inquiètes pas, tu es rodée, ça va bien se passer. Tu maîtrises même mieux que moi le dossier maladies sur vigne ! »

« Tu parles ! se dit Jeanne en son for intérieur. La dernière fois qu'on est allé là-bas, j'aurais pu tout aussi bien ne pas être là, ça aurait été la même chose. »

Le temps de charger quelques documents sur sa clé USB, et la voilà partie. A l'arrivée, à peine le frein à main tiré, Bernard, responsable du petit domaine, s'approche : « Bonjour, Pierre n'est pas avec vous ? »

Jeanne lui explique la situation, il acquiesce et lui propose un café, pour faire comme convenu un point sur le programme fongicide. « On pourrait peut-être d'abord faire un rapide tour dans les vignes, avance la TC, la dernière fois vous parliez d'une parcelle avec un fort historique oïdium. » « Oui, bonne idée ! On prend ma voiture, je vous emmène », répond Bernard en lui ouvrant la portière passager.

Les voilà partis sur le coteau voisin à 500 m. Bernard se gare, et rebelote, lui ouvre la porte. Ils avancent dans les vignes, en pronostiquant sur la météo des prochains jours. Un fossé à traverser, et ils se retouvent sur la parcelle en question. « Attendez, je vais vous aider ! », s'exclame Bernard. Jeanne se dit en elle-même : ce n'est finalement pas si terrible, il est même prévenant.

Elle parcourt quelques rangs en observant de près le feuillage. « Ça m'a l'air bien, lui dit-elle, il n'y a pas de symptômes visibles : l'an prochain on pourra envisager de supprimer un des premiers traitements. » « Ouais, à voir », réagit laconiquement Bernard. Interpellée par son manque de conviction, la TC ajoute : « On a eu de bons résultats chez d'autres viticulteurs, et entre Ecophyto et le coût du traitement, c'est vraiment intéressant. » Regardant le bout de ses chaussures, il réplique : « J'en parlerai avec Pierre. » Visiblement, j'ai tapé à côté, soupire intérieurement Jeanne.

Marion Coisne

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